| by Agnès | No comments

Le délit de banqueroute : définition, sanctions et prévention

Lorsqu’une entreprise fait face à des difficultés financières, il est primordial pour son dirigeant d’adopter une conduite irréprochable. En effet, certains actes frauduleux aggravant la situation de l’entreprise en redressement ou liquidation judiciaire peuvent être qualifiés de délit de banqueroute. Quelles sont les caractéristiques de ce délit, les sanctions encourues et comment s’en prémunir ?

Caractérisation du délit de banqueroute

Le délit de banqueroute, défini par les articles L654-2 et L654-3 du Code de commerce, ne peut être caractérisé que dans le cadre d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire, et non lors d’une procédure de sauvegarde. Il se définit par des actes frauduleux qui aggravent la situation de l’entreprise en difficulté, tels que :

  • Le détournement d’actifs
  • L’augmentation frauduleuse du passif
  • La tenue d’une comptabilité fictive ou incomplète
  • La dissimulation de documents comptables

Ce délit peut être reproché aux commerçants, artisans, agriculteurs, professions indépendantes, ainsi qu’aux dirigeants de droit ou de fait des personnes morales. Prenons l’exemple d’un restaurateur qui, face à la cessation des paiements de son établissement, décide de détourner une partie de la recette quotidienne au lieu de la déclarer intégralement. Cet acte frauduleux pourra être qualifié de banqueroute si l’entreprise fait l’objet d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire.

Bon à savoir : La tentative de banqueroute est punissable au même titre que le délit consommé. De plus, le ministère public peut également poursuivre le délit de banqueroute.

Les sanctions encourues en cas de condamnation

Les personnes physiques reconnues coupables de banqueroute encourent une peine principale de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende. Des peines complémentaires, comme l’interdiction de gérer une entreprise, la faillite personnelle ou l’exclusion des marchés publics, peuvent également être prononcées. Les sanctions sont aggravées pour les dirigeants de prestataires de services d’investissement, avec une peine pouvant aller jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 € d’amende, notamment en cas d’insuffisance d’actif.

Quant aux personnes morales, elles risquent une amende représentant jusqu’à 5 fois celle applicable aux personnes physiques, ainsi que les peines complémentaires prévues par l’article 131-39 du Code pénal. Imaginons une société de transport dont le gérant a sciemment omis de déclarer une partie des créances lors de la procédure collective. Si la banqueroute est avérée, non seulement le dirigeant pourra être condamné, mais la société elle-même pourra écoper d’une lourde amende.

A noter : Le délit de banqueroute peut se cumuler avec d’autres infractions, comme l’abus de biens sociaux, l’escroquerie ou encore le travail dissimulé.

Comment se prémunir d’une accusation de banqueroute ?

Pour éviter toute mise en cause pour banqueroute, il est essentiel d’adopter une attitude et une gestion irréprochables dès les premiers signes de difficultés financières. Cela passe notamment par la tenue d’une comptabilité sincère, régulière et complète, reflétant fidèlement la situation de l’entreprise. Il est également recommandé de se faire assister par un avocat spécialisé en droit des affaires, qui saura vous guider dans vos obligations et vos démarches.

En cas de cessation des paiements, le dirigeant doit rapidement demander l’ouverture d’une procédure collective (redressement ou liquidation judiciaire) pour éviter toute aggravation de la situation. Il peut aussi être judicieux de se rapprocher des créanciers en amont pour tenter de trouver des solutions amiables et éviter une procédure collective. Les petits entrepreneurs individuels de bonne foi peuvent quant à eux bénéficier d’une procédure de rétablissement professionnel.

En cas de redressement ou de liquidation judiciaire, la transparence et la coopération avec les organes de la procédure (administrateur judiciaire, mandataire judiciaire, liquidateur) sont de mise. N’hésitez pas à leur fournir toutes les informations et documents nécessaires, afin de démontrer votre bonne foi et votre volonté de trouver des solutions pour apurer le passif et préserver les intérêts des créanciers.

En définitive, le délit de banqueroute est un écueil à éviter absolument pour tout dirigeant d’entreprise en difficulté. Au-delà des lourdes sanctions encourues, une condamnation pour banqueroute peut entacher durablement la réputation et la crédibilité du chef d’entreprise. En adoptant une conduite exemplaire et en se faisant épauler par des professionnels compétents, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour traverser cette période délicate en toute sérénité.

Bon à savoir : Les délais de prescription sont de 6 ans pour l’action publique à compter de la commission des faits, et de 3 ans pour l’action civile à compter de la découverte des faits par les créanciers.

L’essentiel à retenir

  • Le délit de banqueroute se caractérise par des actes frauduleux aggravant la situation d’une entreprise en redressement ou liquidation judiciaire, tels que le détournement d’actifs, l’augmentation frauduleuse du passif, la tenue d’une comptabilité fictive ou la dissimulation de documents comptables.
  • Les personnes physiques coupables de banqueroute encourent jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende, ainsi que des peines complémentaires comme l’interdiction de gérer ou la faillite personnelle. Les personnes morales risquent une amende quintuplée et des sanctions complémentaires.
  • Pour se prémunir d’une accusation de banqueroute, il est crucial de tenir une comptabilité sincère et complète, de demander l’ouverture d’une procédure collective dès la cessation des paiements, et de coopérer pleinement avec les organes de la procédure en cas de redressement ou liquidation judiciaire.